C'est peut-être un matin tout simple et tout tranquille
autour de toi des gens connus vont dans la rue
le journal est tombé quelqu'un a dû mourir
il y a un peu de vent mais on est en hiver
Au tout petit café d'en
face il y a de la lumière
un camion s'est garé sous le grand arbre mort
des passants voyageurs s'éloignent de la ville
sur un coussin très chaud la chatte qui s'éveille
c'est vraiment
un matin très doux et familier
un soleil plus que lent ranime la maison
quelqu'un a dû mourir cette nuit tout est calme
et la théière à fleur s'éclaire d'une rose
toutes les femmes que tu as connues sont là
dans ta mémoire réveillée maintenant l'heure
de vivre tinte et lasse l'envie se fait jour
d'être loin d'être ailleurs mais il est tôt encore
ta main se pose sur le vide un klaxon chante
le téléphone des pas la chatte s'est levée
on glisse le journal sous ta porte c'est le jour
vraiment dormir encore et pour longtemps tu penses à toi
quand tu ouvres la porte c'est un carillon d'orgue
entendu voilà plus de trente ans au bord de la plage
au seuil de ton enfance une route d'école
jupes d'enfant allant parfums de la guimauve quand tu fermes la
porte et pour quitter la ville
c'est peut-être un matin tout tranquille et tout simple
derrière toi des gens connus vont demeurer
il y a un peu de vent le journal s'est ouvert. 1978. |