Et si tu revenais dans cette rue d'Avril
Qui sentirait encore le vent et puis l'écume
Le sable à marée basse de ce port de Trouville
Et que tu lises écrit au mur "Café des Brumes"
N'y entre pas -veux tu- mais cherche un autre asile
Pour boire à sa santé pour vider l'amertume
Descendre la beauté -merveilleux- disait il
Lorsqu'il tenait son verre avec son porte plume
Quand il te regardait voyais tu son profil
Ce jour là au soleil et son ombre au bitume
Des rues de son enfance et toujours en exil
Sa main droite tremblant quand il parle et qu'il fume
Savais tu qu'il voulait t'emmener au Brésil
A Bali au désert et qu'il sentait les grumes
Et l'asphalte aux cordages et le fruit chaud nubile
De fillettes en toi que son envie consume
Au delà des nuits mauves et du réveil fragile
Tu fus là son enfance équivoque et posthume
Plus la terre pas la mer mais bientôt la presqu'île
Son univers à lui fut un "Café des Brumes".
Trouville/mer - Paris - Avril 84 |