Toile figée dans son cadre
tel un papillon épinglé
J'entends encore ses rires en cascades
pas de couleur pour les chanter
le sillage de son odeur
sa trace
ruissellement d'aisselles mouillées
la femme
quand elle venait poser
chair immobile et cœur qui bat :
je cherche dans la toile au mur ...
ses passages
Son essence est évaporée et son souffle égaré
mais c'était ça sa vie !
le reste n'est que de l'art
Ce soir j'aurais besoin qu'elles sortent de leurs toiles
elles toutes entassées là
puis qu'elles disent un mot
un mot de femme à l'homme
Je me souviens pourtant ...
- J'attends le mercredi avec tant d'impatience !
et elle avait quinze ans
- Tu as vu ce soleil ? Je suis encore au lit
mais je viens tout à l'heure
j'aimais ses téléphones
Savaient elles toutes
comme je vivais pour elles ?
Un soir je vous espère en longue file lente
venir à l'atelier vêtues de souvenirs
chacune de vous prendre ses toiles
et repartir
sans un mot sans un bruit et sans même un soupir
et ne laissant à mon oreille
que le souffle chaud de votre âme
afin de m'aider à partir |