Je les jauge hors du champ restreint de l'atelier
elles en pleins champs
nues
dans la lumière crue
d'un Juillet opulent
Je songe à l'orge mûr des boucles d'une enfant
étendue sur le pré d'abord en robe blanche
et son chapeau de paille pendu par un ruban
à l'olivier
mousseline claire laissant voir les genoux
et une cuisse blanche sous un coin de culotte
immaculée
c'est l'heure des cigalons
et deux papillons blancs vont en se pourchassant
le temps d'une journée
- je n'avais pas osé lui demander alors
ses jeunes seins naissants -
Demain ...
c'est aujourd'hui
elle dit :
- dis tu me permettras de poser nue pour toi
maintenant que je te connais ?
Connaître ou naître !
voici qu'elle s'éveille au plein jeu de ses sens
coquette en ses douze ans
- c'est la première fois qu'un homme me voit nue
elle est si près de moi tandis qu'elle se dévêt
malicieuse et piquante
la voir qui se dépare de son dernier rempart
culotte petit bateau
ivresse en plein midi
naufrage sous un ciel bleu
Le corps d'enfant épouse la bosse du terrain
ses reins s'y sont blottis
elle est arc au soleil
son ventre en est le faîte
et le peintre est debout devant sa toile blanche
chair de gosse
son moindre mouvement de bras est un ballet
et sa gorge qui bouge n'est pas un sein qui danse
mais le souffle natif qui fait trembler la brosse
sur sa touche esquissée
c'est dur c'est doux
de peindre le désir avant qu'il ne soit né
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